« Nous n'en tirerons pas davantage. »

Marie laissa tomber la lanière de son fouet teintée d'un rouge poisseux avant de tirer légèrement sur la queue de cheval qu'elle s'était faite pour lâcher du leste sur cette coiffure qui lui faisait un mal de chien. Non pas qu'elle détestait avoir mal, mais en l’occurrence sa propre douleur l'empêchait de se concentrer sur la douleur qu'elle infligeait à son client.

Enfin, était en train d'infliger, puisque juste après sa déclaration, le pauvre hère prit cette dernière comme une bénédiction et se laissa tomber dans les méandres de son esprit en plongeant dans le coma. Le seau d'eau crade permettant le réveil perpétuel de la victime était de toute façon vide. Avec ce rictus mauvais qu'elle affichait généralement à la suite d'une défaite, la jeune femme fit sévèrement claquer son fouet pour le débarrasser du surplus de sang, avant de l'enrouler soigneusement et de le poser sur la table branlante où reposaient ses autres instruments.

Ses comparses se saisirent des liens qui attachaient la victime à sa chaise avant de le tirer dans le couloir jusqu'à sa cellule où il croupirait encore quelques jours, le temps de supplier de mourir, avant d'être relâché et oublié.

Marie remonta les marches du sous-sol avant de sortir au grand jour. Le soleil frappait les pavés avec une violence de fin d'été. La jeune femme s'alluma une cigarette dont elle aspira la première bouffée avec délice, avant de tirer sur son élastique pour libérer dans un soupir presque jouissif sa longue chevelure dorée.

"Relève-toi."

Les mains dans les poches, Alicia posa un regard sombre sur l'homme qui venait de s'écrouler au sol. Voyant qu'il ne semblait pas disposé à obéir, la Sainte le poussa du bout de sa botte, manquant probablement de lui briser quelques côtes au passage à cause de son pouvoir. Mais au moins, cela lui donna la motivation nécessaire pour se relever.

Il s'agissait d'une journée passablement normale dans la vie d'Alicia : elle traînait un homme qu'elle venait de capturer en direction de la prison où ses collègues croisés sauraient quoi en faire. Elle aurait bien voulu le ramener en meilleur état mais il avait résisté et l'avait profondément gonflée, du coup la demoiselle n'avait plus franchement envie d'être gentille avec lui. C'est ce qui lui valait de se prendre régulièrement un coup de botte dans la gueule.

Exaspérée, Alicia passa une main dans ses cheveux blonds alors qu'elle lâchait un profond soupir. Lorsqu'elle releva les yeux, son homme était toujours en train de se traîner devant elle, pas qu'il avait le choix de toute façon, et, surtout, le siège des croisés se dressait face à eux.

"Terminus."

Cette fois, la main droite d'Alicia quitta la chaleur de sa poche pour venir attraper les cheveux de l'homme à moitié dans les vapes. Histoire d'être prudente.

"Ah, Marie, vous tombez bien. Je vous apporte un nouvel ami. Il est un peu mal en point, mais il l'a bien cherché pour le coup."

Marie tourna la tête pour entendre un gros sac de patates s'écrouler au sol dans un « pouf » éloquent. Lorsqu'elle baissa les yeux, elle s'aperçut qu'il ne s'agissait pas d'un sac de patates mais bien d'un être humain particulièrement amoché qui tirait une gueule de déterré. Alicia Alvey, une jeune croisée, la salua en lui assurant qu'elle tombait bien. En l’occurrence c'était le jeune homme qui était tombé.

« Allons donc, qu'est-ce qu'il se passe, encore ? »

Son ton réprobateur cachait trop mal la lueur de malice qui brillait dans ses yeux. Rapidement, Marie s'accroupit sur ses hauts talons de métal pour se pencher jusqu'au jeune homme étendu sur le sol. Elle lui saisit les cheveux de sorte qu'il la regarde dans les yeux, si tant est qu'il était encore pourvu du sens de la vue après tout ce que la mignonne Alicia lui avait fait subir.

« Coucou. »

Son autre main porta sa clope à ses lèvres et elle souffla la fumée ainsi inspirée dans le visage de la victime pour mieux la réveiller.

« Eh bien alors, tu ne dis pas bonjour ? »

Soulagée de ne plus avoir à s'en occuper complètement, Alicia se détendit quelque peu. C'est qu'il avait vraiment été chiant. Elle posa le regard sur Marie et se contenta d'observer les "politesses" d'usage adressées à la future victime (puisque c'était de ça qu'il s'agissait, désormais). Constatant qu'il ne semblait plus disposé à parler, la Sainte essuya la semelle de sa botte sur le dos de l'homme qui couina sur le coup, craignant probablement de goûter de nouveau au pouvoir d'Alicia. Heureusement pour lui, elle n'avait pas envie de lui briser la colonne vertébrale. Du moins pas aujourd'hui.

"Eh bien, eh bien, tu étais pourtant bien bavard il y a encore une heure ! J'espère que tu sais que l'état dans lequel tu ressortiras d'ici dépendra de ce qui voudra bien sortir de ta bouche, n'est-ce pas ?"

Alicia soupira puis reporta son attention sur l'interrogatrice.

"Bon, pour la petite histoire, monsieur Adriano Accardi ici présent est le rédacteur en chef d'un journal de la périphérie au contenu particulièrement subversif, et de ce fait, semble avoir plusieurs connaissances dans le milieu avec lesquelles j'aimerais bien m'entretenir. Mais il faudrait pour cela qu'il soit coopératif."

Marie se redressa et tira une bouffée de sa cigarette qu’elle savoura le temps d’entendre les explications de la jeune Alicia, son regard glissant de temps à haute sur la victime qui ne semblait désormais plus qu’une sorte de chien battu. Enfin, elle acquiesça d’un signe de tête ; elle aurait encore beaucoup de boulot pour aujourd’hui, décidément. Mais ce n’était pas pour lui déplaire, tant que ça ne serait pas inutile à l’Etat et au Pape.

« Très bien, nous allons voir ça. De ce que je constate, vous l’avez bien préparé. »

Elle n’aurait peut-être qu’à faire usage de son pouvoir pour obtenir les informations qu’Alicia souhaitait. Terminant sa cigarette, elle l’écrasa dans sa propre main sans l’ombre d’une expression de douleur sur le visage avant de donner un violent coup de pied dans la porte qui menait au sous-sol, pour remplacer ce fameux geste que l’on faisait avec les mains. Elle sentit l’homme se raidir à ses pieds, signe qu’il avait désormais les nerfs à fleur de peau et que l’interrogatoire n’allait pas durer bien longtemps.

Tandis qu’elle faisait craquer ses mains pour l’intimider un peu plus, la porte s’ouvrit derrière elle et deux hommes apparurent. Marie leur adressa un signe outrageux du doigt pour leur faire comprendre qu’ils devaient se saisir de sa prochaine victime. Même si les Croisés engageaient des durs à cuir, elle remarqua que l’un des deux, qui avait assisté à la dernière séance, demeurait blanc comme un linge...La porte se referma derrière elle et elle se retourna en direction d’Alicia.

« Vous savez, parfois il suffit juste de montrer les outils dont on compte se servir pour que l’ennemi fasse dans ses bas. Que désirez-vous savoir exactement ? Je doute que vous ayez le temps et l’envie d’assister à la séance. »

Un rapide coup d’œil à son téléphone apprit à Alicia, outre que personne n'avait cherché à la contacter (pas que son répertoire soit très rempli ceci dit), que, à la vue de l'heure qu'il était, elle n'avait présentement rien de mieux à faire que "s'amuser" à assister à l'interrogatoire de sa prise. De toute façon, elle avait déjà décidé qu'elle resterait pour s'assurer de son bon déroulement.

"Je vais rester, mais ne vous occupez pas de moi, faites comme d'habitude."

La Sainte s'adossa donc contre le premier mur venu, croisant les bras. Elle laissa glisser son regard le long des murs de la pièce avant de reporter son attention sur Marie afin de lui indiquer ce que la jeune croisée attendait exactement de cet interrogatoire. Et autant dire que, puisqu'elle était là, elle ne partirait pas tant qu'elle n'aurait pas entendu tout ce qu'elle souhaitait.

"Il me faudrait l'adresse exacte des locaux qu'il utilise pour son journal, nous n'avons pas réussi à les localiser. Ça, et bien évidemment le nom de chacun de ses collaborateurs. Rédacteurs, imprimeurs, j'ai besoin de connaître les noms de tout ce beau monde."

Ça faisait peut-être beaucoup mais elle ne doutait pas le moins du monde des compétences de l'interrogatrice.

"Je suis certaine que vous ne me décevrez pas, Marie."

Maria haussa les épaules.

« Comme vous voulez. Après vous. »

Elle ouvrit la porte à l'aide de sa main, cette fois-ci, afin de laisser passer Alicia de sorte qu'elle entre dans le sous-sol. Puis elle s'engouffra à son tour dans la bouche béante de la prison et referma délicatement la porte derrière elle, comme deux lèvres closes qui se scellent dans un « chut » qui met dans la confidence.

Les deux femmes descendirent dans les sous-sols froids avant d'atteindre ce que Marie appelait son atelier. Alicia s'adossa au mur pour répondre à sa question. Marie fut surprise de tous les détails qu'elle demandait.

« La séance va durer longtemps, conclut-elle d'une voix experte. Il faudra faire attention à l'effrayer suffisamment de sorte de ne pas le tuer afin que toutes les informations soient fournies. Et elles le seront, je peux vous l'assurer. »

Une lueur d'une froideur assassine brilla dans ses yeux. Quelques secondes plus tard, les deux Croisés entrèrent dans la cellule, la future victime traînant des pieds et attachèrent le corps à la terrible chaise. Marie se saisit de son modeste fouet encore humide avant de se tourner vers Alicia.

« Vous n'avez qu'à poser les questions vous même ; je me chargerai d'obtenir les réponses correspondantes. »

"J'ai tout mon temps."

La perspective du sort qui attendait son prisonnier lui arracha un sourire léger et estompa quelque peu la mauvaise humeur qu'il lui avait infligée. Le regard de la jeune Sainte se posa sur l'homme que les deux collègues de Marie avaient avec eux au moment où ils le firent pénétrer dans la pièce. Pour le coup, Alicia aurait bien aimé savoir ce qu'il se passait dans sa tête à ce moment, mais évidemment, si elle le pouvait, elle ne serait pas là.

Alors elle allait poser les questions ? Aucun problème ! Toujours adossée au mur, Alicia plongea son regard couleur d'océan dans celui de l'hérétique captif.

"Alors Monsieur Accardi, dites-moi tout. Nous vous avons capturé à votre domicile mais n'y avons trouvé que bien peu de traces de vos activités de journaliste ! Mais nous n'avons pas l'habitude de nous intéresser à des citoyens innocents, Monsieur Accardi, et j'ai de très bonnes raisons de penser que vous nous cachez bien des choses. L'adresse des locaux que vous utilisez pour votre journal est l'une de ces choses. Seriez-vous assez aimable et coopératif pour nous la donner ?"

La jeune blonde patienta. Quelques secondes. Quelques minutes. Puis soupira.

"Non ? C'est dommage, vous ne choisissez pas la solution de facilité."

Alicia reporta son attention sur Marie.

"Eh bien je vais laisser ma collègue vous le redemander à sa manière."

Au fond de son cœur noir où croupissait son petit instinct sadique, Marie espérait – et elle ne le cachait pas – que l'interrogé ne réponde pas. Dans sa tête elle passait en revue les différentes méthodes d'interrogation et conformément à la prévention qu'elle avait avancée à Alicia, vira d'un même mouvement toutes les méthodes trop brutales qui pourraient rapidement mener à la mort, ou à une grande difficulté de s'exprimer.
Au diable le découpage de membres, dans les oubliettes l'arrachage de langue, au fond d'un coffre la castration, dans le noir la lapidation.

Comme elle s'y attendait, Alicia n'obtint aucune réponse par la manière « douce ». Marie posa son fouet, saisit une chaise et la retourna de sorte d'avoir le dossier contre son ventre, sur lequel elle s'accouda, le regarda noir.

« Bon, je vais poser la question autrement. »

Tendant la main, elle s'empara d'une table mobile qu'elle fit glisser entre eux deux à l'aide d'un système de roulettes. Dans un crissement significatif, elle bloqua ses dernières et arbora un sourire mauvais tandis qu'elle dévoilait un léger arsenal d'objets contondants. Le premier niveau dirait-on, celui des tapettes et des lâches qui chient dans leur froc à la moindre menace.

Marie s'empara d'une paire de ciseaux et la retourna avant de la planter sauvagement dans la table, à  quelques centimètres du visage du jeune homme qui sursauta d'une manière significative.

« Je suis une machine de guerre équipée d'une bénédiction de notre seigneur capable de détecter le moindre mensonge, dans la moindre de vos paroles. Sachez que si vous venez à me fournir une fausse information, vous serez sévèrement puni. »

Afin d'appuyer cette remarque, elle s'empara d'un couteau de boucher auquel elle fit subir le même sort. Un centimètre de plus et il coupait le nez de la victime.

« Je m'appelle Marie Divano et je suis une experte en la matière. Cette séance durera des heures s'il le faut ; ainsi, plus vous lâcherez les informations que mademoiselle Alvey cherche, plus vous sortirez vite. »

Elle ne précisa pas dans quel état : évacuer le suspense revenait à faire échouer la séance. Enroulant ses doigts autour d'une scie, puis d'un tournevis, puis de plusieurs clous, elle les planta successivement à une vitesse terrifiante devant le jeune homme, chaque choc générant un sursaut. Enfin elle s'empara d'une immense aiguille qu'elle fit foncer jusqu'au visage de l'homme.

« Michelo Géniti ! »

L'aiguille s'arrêta à moins d'un centimètre de l’œil droit du jeune homme.

« Il prépare des attentats pour le prochain mois et a prévu de faire sauter l'église avec une équipe. »

Silence. Marie ne détecta aucun mensonge. Elle retira la pique de la vue du jeune homme et se tourna vers Alicia, un sourire de bête infernale gravé sur le visage.

"Oh, ce cher monsieur Géniti ! En voilà un vilain cachottier."

Un nom qui n'était pas inconnu à Alicia mais qu'elle ne pensait pas lié à Accardi, malgré les soupçons qui pesaient déjà sur lui. Fort heureusement, ils savaient déjà où le trouver, et le cueillir serait donc une de leurs activités prochaines. Fort bien ! Ceci étant dit, la Sainte ne savait toujours pas ce qu'elle voulait absolument savoir. Quittant le mur sur lequel elle était appuyée, elle s'approcha du prisonnier et sortit d'une de ses poches une petite carte de la ville qu'elle agita devant les yeux de l'homme.

"Bien, comme vous semblez d'humeur plus coopérative, j'en reviens à ma première question monsieur Accardi : où vos locaux se trouvent-ils exactement ? J'imagine qu'il y a des chances pour qu'ils soient dans la périphérie, mais j'ose espérer que vous accepterez de nous indiquer précisément leur position."

Elle recula légèrement et déplia doucement le plan, en sachant bien qu'il finirait de toute façon par se montrer coopératif.

"Lorsque cette question sera réglée, nous reparlerons de monsieur Géniti et sa fameuse équipe que vous allez bien évidemment nous aider à capturer."

« Il va avoir du mal à vous montrer la position avec les mains liées. » répliqua Marie dans un rire sarcastique.

Elle pourrait prendre le risque de le détacher, car avec la force de combat de Marie, le pouvoir d'Alicia et les deux croisés qui gardaient la porte, le prisonnier ne pourrait jamais s'enfuir. Et comme elle devait le garder en vie ET capable de parler – ce qui n'allait quasiment jamais de pair dans ce genre de séances – il fallait tenter le tout pour le tout afin qu'Alicia obtienne ses réponses. A entendre le ton qu'elle utilisait, cette information était sans aucun doute la plus importante de celles qu'elle souhaitait obtenir.

Marie prit donc le risque. Elle saisit les pans de la table pour la pousser sur le côté et quitta sa chaise avant de s'approcher de celle du prisonnier, l'aiguille toujours à la main.

« Je vais vous détacher un bras pour que vous puissiez répondre à la question de mademoiselle Alvey. Sachez qu'il vous sera impossible de quitter cette pièce, et je risque de sanctionner très méchamment une quelconque tentative. »

Se disant, elle entreprit de faire jouer le mécanisme d'une des grosses menottes et dans un déclic, cette dernière libéra la main du prisonnier.

Accardi ne se fit pas longtemps prier, après tout, il était un homme intelligent et il avait bien compris que sa situation n'était absolument pas favorable. Ses convictions ne le rendaient pas fou pour autant, et l'instinct de survie était bien souvent le plus fort. C'est donc d'un bras tremblant qu'il indiqua une zone reculée de la périphérie sur le plan que tenait Alicia. La jeune Sainte s'empressa dès lors d'observer l'endroit que le prisonnier venait de lui montrer.

"Eh bien, on peut dire que vous vous donnez du mal pour cacher vos affaires ! Mais c'est bien, votre coopération fait plaisir à voir."

Sur ces mots, et après avoir replié sa carte, Alicia indiqua à ses collègues de menotter de nouveau l'homme. Elle n'allait désormais plus avoir besoin que de sa langue. La demoiselle retrouva l'appui du mur qu'elle avait quitté quelques instants plus tôt.

"Maintenant que ce problème est réglé, il ne vous reste plus que quelques étapes avant de redevenir un citoyen modèle, monsieur Accardi."

Le sort qui attendait chaque rebelle tombé entre leurs mains pouvait varier. Certains ne revoyaient jamais le soleil se lever, d'autres le pouvaient, à la condition de se faire oublier pour le restant de leur vie. Si Accardi continuait à se montrer coopératif, il pourrait avoir la chance d'appartenir à cette deuxième catégorie.

"Un peu plus tôt vous nous avez parlé de monsieur Géniti et son équipe qui envisageaient de porter atteinte à nos monuments. Dites m'en plus, voulez-vous. Qui forme cette équipe ? Où pouvons-nous les trouver afin de nous entretenir plus en détail avec eux ?"

Marie fut presque déçue de la coopération si spontanée que le jeune homme exprima. Marie ne tendit même pas le cou pour se rendre compte de la position indiquée. Alicia sembla satisfaite et cela réussit à la calmer. Opérant une moue, elle se tourna vers la victime tandis qu'Alicia posait une nouvelle question. Une fois n'est pas coutume, Accardi ne lâcha pas un mot. Marie leva les yeux au ciel ; elle ne manquerait pas d'idées pour le faire parler mais lui permettre de parler sans qu'il ne perde cette faculté serait difficile.

Se mordant la lèvre, elle sembla réfléchir pendant une trentaine de secondes interminables. Se sentant presque gênée de faire patienter Alicia ainsi, sa réaction n'en fut que plus brutale. Du bout en acier de sa botte, elle frappa le genou de la victime qui émit un craquement sonore. Un hurlement bestial déchira l'ambiance et lézarda les murs. Une rose blanche se forma sur le pantalon d'Accardi.

"Je les ai dénoncés, débrouillez-vous avec eux !"

"Oh."

Le coup était parti tout seul. Alicia s'était calmée, était restée patiente le long de l'interrogatoire, elle s'était prise au jeu, mais tout ça avait des limites qu'Accardi venait de franchir. Se montrer coopératif la minute d'avant puis gueuler de toute son attitude rebelle la suivante ? Il fallait arrêter de déconner trente secondes. La jeune Sainte détestait qu'on se foute allègrement de sa gueule et encore plus qu'on ne lui obéisse pas.

Alors oui, il venait de se prendre un coup de pied mémorable en pleine gueule. Coup qu'elle avait évidemment pris soin de ne pas trop charger d'énergie cinétique afin d'éviter de le réduire au silence plus d'une journée. Ou deux. Alors oui, il devenait d'un coup plus difficile de le faire parler, mais ce n'était plus le problème de la jeune femme qui avait en partie eu ce qu'elle voulait, ils n'auraient certainement aucun problème à s'occuper du cas de Géniti et ses potes terroristes. Et puis au pire des cas, Accardi finirait bien par être de nouveau opérationnel, puisqu'en l'état, contrairement à s'il s'était montré plus docile, il ne risquait pas de sortir ce soir. Alicia tourna un regard sombre en direction de Marie qui n'avait absolument rien à se reprocher tant son travail avait été à la hauteur des attentes de la numéro deux du Vatican.

"Eh bien je vais donc me débrouiller avec Géniti et ses amis. Attendez-vous à ce que je vous les confie dans les jours qui viennent. Sur ce."

Elle salua poliment ses collègues malgré sa frustration du moment, après tout, ils avaient très bien fait leur travail, et quitta la pièce, ses pensées déjà dirigées vers Géniti.

Marie avait juste eu le temps de reculer pour ne pas prendre les effluves de la bénédiction de la sainte dans la tronche. Tandis qu'elle disparaissait en affirmant lui envoyer de la marchandise sous peu de temps, Marie haussa les épaules avant de hocher la tête.

« Très bien. »

Elle toucha du bout du pied le corps inerte avant de se rendre à l'évidence qu'elle ne pourrait pas en tirer davantage aujourd'hui. Soupirant, elle se pencha et détacha les entraves qui maintenaient sa victime à sa chaise de torture, déçue de ne pas avoir pu s'avancer davantage.

« C'est dommage, mon petit. On commençait tout juste à s'amuser. »

Reculant, elle adressa un regard aux deux geôliers qui comprirent tout de suite. Ils se saisirent du corps avant de le traîner en dehors de la pièce. Marie attendit que le crissement de ses chaussures sur le sol se soit évanoui quelque part dans les sous-sols avant de s'asseoir à sa place, sur la chaise encore maculé de sang de la victime précédente.

Elle croisa les jambes et fermant les yeux huma l'air plein de tension et de flux corporels de toutes sortes. Un sourire prit bientôt place sur son visage et tendit qu'elle caressait les entraves du bout du doigt tout en repensant à la précédente séance, quelque chose s'enflamma entre ses jambes.